E-santé: la technologie au service de la santé

73 Millions d’appareils de santé connectés en 2016 dans le monde, 161 millions estimés en 2020. Ce sont les résultats du dernier rapport du cabinet d’étude Grand View Research publiés en 2016. Les nouvelles technologies sont au cœur de la santé et leur application a d’ailleurs trouvé un terme : E-santé.

Définie comme étant l’ensemble des services du numérique au service du bien-être de la personne, l’E-santé englobe les différentes applications visant à prévenir, diagnostiquer ou bien encore traiter les maladies. Parmi ces services on retrouve deux domaines majeurs, le SIS (Système d’Information Santé) et SIH (Système d’Information Hospitalier) qui constituent la base d’informations digitale de l’E-santé en milieu hospitalier et permet l’organisation des flux d’informations, dossiers médicaux ou encore la gestion des cartes vitales en interne des établissements médicaux.

L’E-santé englobe également la télémédecine, une pratique médicale qui utilise différentes technologies de télécommunication afin d’offrir des diagnostics médicaux ou encore des soins de santé à distance. Elle a pour but entre autre, de faciliter l’accès aux services médicaux dans les collectivités éloignées en milieu rural. On y retrouve aussi la m-santé (mobile-santé) qui quant-à-elle permet d’offrir des services via de nombreuses applications disponibles sur les smartphones/tablettes. Grâce à certaines de ces applications, il devient plus simple pour les médecins de suivre leurs patients à distance.

L’ensemble de ces services visent à offrir un suivi en temps réel des patients, d’obtenir un diagnostic rapide et précis pour améliorer le résultat des traitements mais aussi permettre une détection plus efficace des maladies.

L’E-santé apparaît comme l’une des solutions majeure aux grands défis de notre époque. Le vieillissement de la population notamment et l’augmentation du diagnostic des maladies chroniques (cancer, hypertension, diabète, insuffisance cardiaque, parkinson, etc.).

  

IoT, IdO, Big Data, I.A  Quésako?

Parmi les technologies récentes reconnues pour avoir un grand potentiel dans le secteur de la santé, on peut citer :

L’Internet des objets (ou IdO) : l’idO est une infrastructure d’information qui permet d’interconnecter des objets (physiques ou virtuels) au moyen d’un système de communication (puces RFID, Bluetooth, Wi-Fi, etc.). En santé, l’IdO peut être utilisé afin de connecter plusieurs appareils et dispositifs médicaux, afin de fournir en temps réel une information aux professionnels de la santé. Avec l’IdO commence la capacité de collecter, trier et analyser l’information en temps réel à une échelle sans précédent.

Le Big Data (données massives) : il désigne un ensemble volumineux de données (contenu, images, vidéos…) que les outils de gestion habituels ne peuvent traiter à eux seuls. Le « Big Data » en santé permet de mettre en relation ces données afin d’obtenir une idée plus précise de la problématique médicale traitée. Le volume de plus en plus important de ces données nécessite cependant d’utiliser des systèmes de gestion puissants. L’intelligence artificielle jouera un rôle capital dans la gestion de ces données.

L’Intelligence Artificielle: elle désigne un ensemble de techniques permettant aux machines de simuler l’intelligence humaine et d’exécuter des fonctions normalement associées aux humains : raisonnement, compréhension, adaptation, etc…

Grâce à l’intelligence artificielle, il est aujourd’hui possible d’obtenir très rapidement des réponses précises à des problématiques d’ordre médical.

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Quels changements pour nous, patients?

Un diagnostic de soin plus performant, rapide et moins coûteux. On estime que deux Français sur trois renoncent aux soins à cause du temps d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un médecin : l’E-santé pourra résoudre ce problème et palier au manque de professionnels de santé disponibles dans certaines régions. Vous n’aurez plus besoin de vous déplacer, la consultation pourra se faire directement à distance

Aujourd’hui l’E-santé est essentiellement connue du grand public au travers d’applications mobiles (smartphones, tablettes) dont l’objectif est d’améliorer le bien-être quotidien et de suivre l’état de santé du patient tout en le familiarisant progressivement à l’émergence de ces nouvelles technologies. Traqueurs d’activité, compteurs de calories, podomètre, suivi de grossesse ou encore masque d’hypnose, les possibilités sont nombreuses (+ de 100 000), variées et parfois accompagnées d’un objet connecté (montre, balance, patch…).

Elle investit également nos foyers avec par exemple des piluliers électroniques programmables permettant un suivi plus précis des traitements, des doses prescrites ou encore des différentes heures de prise. Si ces services ciblent encore pour le moment les personnes en bonne santé et dans un cadre préventif, des dispositifs font progressivement leur apparition afin de fournir des diagnostics plus précis de notre état de santé.

Voici quelques exemples de solutions disponibles aujourd’hui ou en phase de le devenir :

  • Les cyber-pilules : elles font leur apparition en 2004. Les microprocesseurs qu’elles incorporent permettent, une fois avalés, de mesurer vos paramètres biophysiques et d’envoyer les résultats à votre médecin. Certains modèles sont même capables de délivrer aux patients leurs doses quotidiennes de médicaments.
  • Les patchs intelligents collés sur la peau et dotés de circuits électroniques, ils surveillent votre santé et affichent les informations enregistrées directement sur votre smartphone/tablette.
  • Les nanorobots chirurgiens encore au stade de test, les nanorobots possèdent des modules qui, lorsqu’ils sont avalés, s’assemblent dans l’intestin et peuvent ensuite effectuer des opérations chirurgicales très complexes.
  • Le cerveau connecté : il s’agit d’un système d’implants dont les signaux peuvent être décodés par un système externe. Cette solution pourra stimuler le cerveau et soigner les patients atteints de la maladie de Parkinson par exemple.
  • L’implant contraceptif télécommandé : d’une durée de vie de 16 ans, il n’est pas utile de le retirer le jour où vous décidez d’avoir un enfant. En effet, il vous suffira de le désactiver temporairement en toute simplicité grâce à une télécommande…
  • Un masque d’hypnose connecté : grâce à des récits hypnotiques préalablement enregistrés par un praticien, l’utilisateur, en fonction de ses objectifs, écoute sa session grâce à des écouteurs ou un casque audio connecté à son smartphone. Au menu, gestion de la concentration, de la motivation, du stress, de la douleur…
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Votre vie privée dans tout ça?

L’arrivée de l’E-santé n’est pas sans nous questionner. Cette révolution inquiète et à l’heure où internet s’est invité jusque dans nos poches, qu’1 milliard 200 millions d’humains sont “reliés” les uns aux autres via Facebook et que 3,3 milliards de recherches Google sont effectuées chaque jour dans le monde, certaines personnes se font opérer à distance par des bras robotisés…

Utilisation des données personnelles au profit d’opérateurs dont les pratiques ne sont pas toujours transparentes, défauts de sécurité qui peuvent fragiliser l’usage de nos données et leur confidentialité, … Aujourd’hui ces risques concernent essentiellement quelques photos piratées, mais, qu’en sera-t-il demain quand il s’agira de données génétiques ou d’un cœur électronique ?

Selon un rapport de la DGE (Direction Générale des Entreprises) 70% des patients accepteraient d’être équipés d’objets connectés médicaux dans le cadre d’une maladie chronique (maladies respiratoires, hypertension ou insuffisance cardiaque par exemple), 50% s’inquiètent des conséquences sur le secret médical, et 30% considèrent l’E-santé comme “une menace pour la liberté de choix”. Les associations de patients interrogées dans le cadre de l’étude ne cachent pas leurs inquiétudes concernant la sécurisation des données.

Un membre de l’Union européenne a pourtant su tirer pleinement profit de cette évolution et peut aujourd’hui se vanter d’être une référence mondiale en matière de digitalisation médicale. Ce pays, c’est l’Estonie. En effet, en 2009 ce petit pays a mis en place une plateforme d’échange d’informations, baptisée X-Roads. Grâce à elle, ce sont près de 3000 services dématérialisés qui sont accessibles à toute la population. De la déclaration d’impôts au vote des citoyens, leur dossier médical est également accessible en ligne entre médecins et patients. Par ailleurs, 100% des médecins ont pour l’instant recouru à l’ordonnance numérique et les estoniens grâce à un login peuvent accéder à leur dossier médical et le rendre accessible à une tierce personne/institution selon leurs besoins.

Depuis le 1er Juillet 2017, l’Estonie a pris la tête de la présidence de l’Union Européenne et pilote les réunions ministérielles de l’Union pour les 6 mois à venir. Une occasion pour cet état de mettre en avant et de partager ses avancées en matière de gestion de données numériques. De quoi donner un nouveau souffle à la construction de l’Europe et apporter un regard positif sur l’appréhension de l’E-santé au sein de notre société.

Certaines figures emblématiques de l’internet tel que Jean-Michel Billaut, informe sans langue de bois des avantages, des inconvénients et des dérives de la numérisation de nos données personnelles. Vous pouvez suivre ses réflexions via son blog.

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Photo de Jean-Michel Billaut (Crédit photo Devoxx France 2017)

Et vous, que pensez vous de l’E-santé et de la centralisation de vos données personnelles?

Sources : rapport du cabinet d’étude Grand View Research7ème baromètre Europe Assistance,  Article Science & Santé, Rapport de la DGE